La Coupe du Monde Trial UCI selon deux Champions du Monde UCI

La Coupe du Monde Trial UCI est une compétition éprouvante. Pour les fans, c'est un spectacle riche en tension et en rebondissements. Et pour les athlètes ? Comment se préparent-ils ? Et parviennent-ils à profiter de l'événement tout en se livrant à une compétition intense ?

La première manche de la série s'est déroulée à Salzbourg (Autriche) début juillet. Nous y avons rencontré deux Champions du Monde UCI, fiers porteurs du maillot arc-en-ciel : l'Allemande Nina Reichenbach et l'Autrichien Thomas Pechhacker. Malgré un emploi du temps chargé, ils ont pris le temps de nous apporter leur perspective : celle de compétiteurs d'élite participant à la Coupe du Monde Trial UCI.

Comme on peut l'imaginer, le niveau d'entraînement pour être un coureur Elite est très élevé. C'est également vrai en trial, où l'explosivité et l'agilité sont deux attributs essentiels. Les coureurs se consacrent autant à des exercices de musculation qu'à des séances sur le vélo. Les séances en salle, le fractionné et la mobilisation sont des éléments clés de l'entraînement d'un coureur. Ils requièrent chacun l'intervention d'experts, comme l'explique Pechhacker.

« Je travaille avec ma préparatrice physique Karol Serwin depuis trois ans, mais cette année j'ai aussi travaillé sur mon mental avec Jérôme Chapuis. J'ai également dans mon équipe un phytothérapeute, un nutritionniste et un spécialiste de la médecine du sport. »

L'entraînement et la mise en condition répondent à des objectifs différents hors saison, comme l'explique le Champion du Monde UCI de la catégorie 20’’ : « Il y a plusieurs phases, mais de manière générale, on essaye de développer la force pendant l'hiver et, plus on se rapproche de la saison, plus on s'efforce de transformer cette force en vitesse. »

La stratégie de Reichenbach est similaire : « L'intensité et la fréquence du travail sur le vélo de trial augmente à l'approche d'une compétition. J'ajuste également mon programme en salle. Je réduis les charges mais avec beaucoup de répétitions pour être plus rapide. »

On a demandé à Reichenbach comment se déroulait une de ses journées habituelles lors des épreuves de Coupe du Monde UCI : « Comme la course des femmes est généralement à 15 ou 16h, c'est une journée relativement détendue, explique-t-elle. Je regarde les sections la veille. Puis, le jour de l'épreuve, je me réveille entre 8 et 9 heures pour le petit déjeuner. Ensuite, je vais dans l'aire de compétition pour voir les passages des hommes, observer comment ils affrontent les sections et soutenir des amis. Environ trois heures avant que l'épreuve féminine ne commence, je prends un repas léger et je me rends à l'hôtel pour prendre tout ce dont j'ai besoin. Ensuite, je vérifie à nouveau les sections et je commence à m'échauffer et chercher mes sensations sur le vélo 45 minutes avant le départ. »

On a demandé à Pechhacker quel était pour lui le défi principal en compétition : « Lors d'une Coupe du Monde, tout est réuni. Tu affrontes des obstacles super durs qui s'enchaînent dans une longue section, avec la pression du temps et la nervosité, décrit-il. Il y a aussi une grosse pression psychologique, parce qu'il faut prendre tous les risques pour s'imposer. Aucune erreur n'est permise. Si vous ne faites pas le passage parfait, un autre le fera. »

Rester concentré pendant toute une manche, même lorsque les choses tournent mal, peut être extrêmement difficile. « Absolument, confirme Pechhacker. C'est l'un des aspects les plus difficiles du trial sur un plan mental. Mais parfois, sentir qu'on est en retard peut être bénéfique, on n'a plus rien à perdre. Tu peux ensuite prendre tous les risques, ça devient vraiment tout ou rien. »

Malgré, ou peut-être à cause de l'intensité de la compétition, les rivaux se retrouvent souvent camarades, comme nous l'explique Pechhacker : « On se soutient et on partage souvent nos impressions sur les lignes et la meilleure manière de les prendre. Quand quelqu'un fait un bon résultat sur une section, ce n'est pas forcément mauvais pour ses adversaires. Ils ont encore une chance de faire aussi bien voire mieux. On s'entraîne même souvent ensemble et on essaye d'apprendre les uns des autres. »

Sur un plan tactique, nous avons demandé à Reichenbach comment elle aborde chaque course : « 90 % du temps, je parcours une section exactement comme je l'avais prévu, mais parfois je change tout pendant mon passage, pour franchir un obstacle. Par exemple, si la prise d'élan est plus courte que prévu ou si je suis juste devant l'obstacle et que je sens que je serai trop courte pour le passer comme prévu, explique-t-elle. Il y a aussi les moments où je me retrouve dans une situation imprévue, comme dans la troisième section à Salzbourg. Je suis tombée dans l'enchaînement de troncs et ensuite j'ai dû improviser pour revenir en piste sans mettre pied à terre et perdre des points. »

Pour finir, nous avons demandé aux deux coureurs ce qu'ils apprécient le plus au moment de courir en Coupe du Monde UCI. « Le mieux, c'est l'atmosphère très particulière, estime Reichenbach. Vous êtes en compétition avec tellement de personnes qui partagent la même passion que vous. Surtout, ça se déroule dans des lieux extraordinaires, et les organisateurs s'investissent énormément pour créer les sections, avec l'attention du moindre détail pour que la compétition soit parfaite. »

Pechhacker partage également ses impressions : « Il y a beaucoup de choses : une bonne atmosphère, une grande dose d'adrénaline, beaucoup de gens pour partager la victoire ou la défaite, les voyages vers de nouvelles destinations, les rencontres et la possibilité de rouler avec des amis du monde entier. »

La Coupe du Monde Trial UCI se poursuivra avec la deuxième manche de la série, dans la station de Vermiglio, dans le Val di Sole italien, du 23 au 25 août.