Changements climatiques, obésité, pollution atmosphérique, extrême pauvreté – ce sont là des problèmes mondiaux que des organisations telles que la Banque Mondiale visent à réduire.
Si seulement il existait quelque chose qui pourrait contribuer à résoudre tous ces problèmes urgents en même temps… En fait, cette chose existe : le vélo!
Nous connaissons bien le cyclisme en tant que sport apprécié par des centaines de millions de personnes mais, à l’échelle mondiale, pour de nombreux individus c’est également une forme de transport essentielle. Chaque trajet transféré d’une voiture à un vélo équivaut à une personne plus active, en meilleure santé and plus riche – ainsi qu’à moins d’émissions de dioxyde de carbone et d’autres polluants. Chaque année, au niveau mondial, l’air vicié cause la mort de sept millions de personnes – dans la plupart des cas, la mauvaise qualité de l’air est due au nombre excessif de véhicules motorisés.
Une personne qui choisit de faire une demi-heure de vélo par jour pour se rendre à son travail pourrait contribuer à réduire les émissions de dioxyde de carbone d’une demi-tonne par an, et aussi diminuer de 40% son risque de mortalité par maladie cardiaque et accident cérébrovasculaire. Projetez cela à l’échelle mondiale et l’on parle de milliards de tonnes de CO2 et de millions de vies sauvées.
L’objectif de la Banque Mondiale est d’éradiquer la pauvreté mondiale, et l’une des plus grandes menaces pour ce programme est que le changement climatique va déstabiliser des régions écologiquement fragiles, déplacer des populations et annihiler des décennies de développement économique. C’est pourquoi, la Banque mondiale, en collaboration avec le Ministère italien de l’Environnement, a lancé un projet nommé Connect4Climate dont le but est de sensibiliser au changement climatique. Ils ont fait appel, pour les aider, à des athlètes issus de différentes disciplines du monde du sport.
Depuis des décennies, des villes d’Europe ont régulièrement mis l’accent sur l’utilisation du vélo plutôt que celle de la voiture ; les villes d’Amérique du Nord et d’autres pays en développement, font également preuve d’un intérêt grandissant pour le vélo en tant que sport mais aussi comme moyen de transport. Toutefois, dans les pays à revenu intermédiaire, l’histoire est très différente. Dans ces pays, le vélo perd du terrain par rapport à la voiture, et ce rapidement. Les villes connaissent une expansion rapide et d’immenses nouvelles communautés voient le jour. Partout, des routes sont construites, mais actuellement, seulement très peu d’entre elles conviennent pour faire du vélo, c’est-à-dire, incluant des passages pour traverser en sécurité et des infrastructures adaptées.
En 2000, il y avait 16 millions de voitures particulières en Chine. Maintenant, il y en a 154 millions, et ce chiffre augmente de 12% par an. Mais en même temps, la Chine reste le plus grand marché mondial pour le vélo, et en particulier pour ceux à assistance électrique, dont 200 millions sont déjà utilisés. Il existe toujours une énorme demande pour la mobilité à vélo, mais l’augmentation du niveau d’utilisation des voitures risque de faire apparaître le cyclisme comme dangereux et indésirable socialement – une évolution à laquelle l’Europe et d’autres pays développés ont été confrontés dans les années cinquante et soixante.
Dans les pays moins développés, le vélo reste un moyen qui contribue à lutter contre la pauvreté
C'est le cas, que ce soit pour les enfants qui ont besoin de se rendre à l’école, ou les petits transporteurs de marchandises ou les services de vélos-taxis, comme les rickshaws en Inde ou au Bangladesh, ou les boda-boda en Afrique orientale.
Qhubeka, une organisation caritative sud-africaine qui parraine la formation UCI Pro Continental Team MTN Qhubeka p/b Samsung, aide à compenser l’insuffisance de vélos. Elle a déjà distribué plus de 50’000 vélos en Afrique du Sud, permettant ainsi aux enfants de prendre moins de temps pour se rendre à l’école ; il en résulte qu’ils peuvent consacrer davantage de temps à leur travail scolaire et rester plus longtemps à l’école.
Certains estiment, selon une étude NCE Cities, produite par la London School of Economics and Political Science, que 75% de l’infrastructure qui sera utilisée en Inde en 2050 n’a pas encore été construite. Cela signifie des dizaines de milliers de kilomètres de route qui, dès le départ, pourraient être construits en y incorporant une infrastructure cycliste adéquate, et en concevant les collectivités de façon à garantir que les personnes vivent à une distance accessible à vélo ou à pied des endroits où ils doivent se rendre.
La Banque Mondiale joue un rôle essentiel : non seulement, non seulement, elle fournit des prêts aux pays pour construire l’infrastructure, mais elle dispense aussi aux pays des conseils à propos de la planification des nouvelles implantations et de la manière de les relier entre elles. Elle est parfaitement placée pour garantir que le cyclisme puisse faire partie des habitudes d’avenir de mobilité de ces pays, évitant ainsi les décennies d’erreurs commises par les pays en développement ayant planifié principalement l’utilisation de la voiture.
Les villes africaines et asiatiques du futur pourraient devenir des modèles pour ce qui est du transport durable.
De même qu’on se réfère à Copenhague, nous devrions observer ce qu’il se passe dans les nouvelles villes du Nigeria, d’Indonésie ou de Chine, pressenties pour être des modèles : le cyclisme étant pour leurs habitants la manière normale de se déplacer et de prendre part à des activités de loisir. Si nous voulons développer le cyclisme comme sport et comme moyen de transport, nous devons nous assurer que les pays qui constitueront bientôt la majorité de la population et de l’économie globales, sont aussi enthousiastes à son égard que les pays européens.
La Banque Mondiale apporte déjà du soutien au cyclisme par le biais de quelques-uns de ses programmes comme à Wuhan, en Chine. Toutefois, le but principal des nombreux projets qu’elle finance est encore de faciliter le transport lourd par route et train.
Les grands axes routiers – comme ici à Pékin – posent davantage de difficultés aux personnes essayant de les traverser à pied ou à vélo ; ils séparent les communautés et contribuent à faire monter en flèche le nombre de décès sur les routes : à l’heure actuelle plus de 1,3 millions de personnes par an, principalement dans les pays en développement.
Une solution consisterait à accorder des prêts bancaires seulement sous certaines conditions : si les nouvelles routes ne constituent pas des obstacles dangereux vis-à-vis des déplacements locaux à vélo et à pied ; si les programmes de transport public sont conçus pour mettre en valeur la connectivité cycliste locale, en autorisant les vélos dans les trains et en installant des places de stationnement pour vélos dans les gares, ainsi qu’en aménageant des pistes cyclables le long des nouvelles lignes de train ou bus.
La Banque Mondiale pourrait également privilégier des interventions à plus petite échelle pour surmonter les problèmes d’accès et de mobilité causés par les importants programmes appliqués antérieurement, ou par une absence de planification prospective de l’agencement des collectivités.
De simples mesures rapportent d’énormes dividendes
Par exemple, s’assurer qu’il y a des endroits adéquats et sûrs pour traverser les grands axes routiers ou les voies ferrées, ou que les nouvelles écoles ou autres installations soient à une distance accessible à vélo des communautés.
L’accès aux vélos est crucial, et la Banque Mondiale pourrait soutenir des initiatives similaires à celle de Qhubeka, en utilisant du capital de microfinance pour fournir des vélos à davantage d’individus, ce qui aura pour effet de les aider à générer de la richesse – comme par exemple, des opérateurs de rickshaw ou des entrepreneurs de transport de petites cargaisons.
L’UCI serait ravie de voir la Banque Mondiale, ainsi que d’autres institutions internationales, mettre le cyclisme au cœur de la lutte contre les changements climatiques, la réduction de la pauvreté extrême et l’amélioration de la mobilité dans les pays en développement. Si nous voulons voir le sport cycliste s’épanouir à travers le monde entier, nous devons nous assurer que le cyclisme est toujours valorisé en tant que moyen de transport dans tous les pays.