La Néerlandaise Lorena Wiebes (Team Sunweb) et le Belge Yves Lampaert (Deceuninck-Quick-Step) sont les lauréats 2020 des AG Driedaagse Brugge De Panne. Les courses masculine et féminine ont été marquées par un rythme incroyable et un fort vent de côté qui a opéré la sélection pour déterminer les vainqueurs.
Dans une course féminine rapide et très disputée, Wiebes a fait mieux qu'en 2019, année où elle avait pris la 2e place de l'épreuve (derrière sa compatriote Kirsten Wild). Profitant du déclassement de la Belge Jolien D’hoore (Boels Dolmans Cyclingteam) pour sprint irrégulier, la jeune championne s'est en effet imposée cette année.
"J'ai commencé mon sprint une seconde trop tard. Jolien est arrivée de l'arrière et m'a un peu tassée, alors j'ai perdu un peu de vitesse. J'ai quand même tout donné car ce n'est terminé qu'une fois la ligne franchie. C'est du sprint, mais nous avons vu comment ça peut se passer avec Fabio Jakobsen", a déclaré Wiebes.
Le vent était encore plus intense pour la course masculine. L'épreuve a débuté sur un rythme très élevé, et la sélection s'est faite par l'arrière. Il ne restait plus que huit coureurs en tête dans les 10 derniers kilomètres.
“L'équipe a fait un travail fantastique ; nous étions trois sur sept dans le groupe de tête. Nous devions être vigilants chaque seconde avec le vent, c'était vraiment dur. Bert Van Lerberghe m'a demandé si l'on devait travailler pour une arrivée au sprint. J'ai répondu : 'Non Bert, je vais encore essayer'. Mais j'ai regretté dans la minute !, a expliqué Lampaert juste après l'arrivée. J'ai eu mal aux jambes, et le vent était terrible, mais j'ai tout donné jusqu'à la fin. Et maintenant c'est le moment de profiter de l'intersaison. Je vais dévorer une grande assiette de frites."
Les AG Driedaagse Brugge-De Panne était l'avant-dernière course de l'UCI Women’s WorldTour avant le Ceratizit Madrid Challenge by La Vuelta (du 6 au 8 novembre). Le tracé, l'un des plus longs de la saison (156,3 km), a été conçu pour les sprinteuses avec son profil plat à travers la Flandre-Occidentale. Le rythme effréné du peloton, supérieur à la vitesse la plus élevée anticipée par les organisateurs, a découragé les plus téméraires en début de course.
Les premières vraies offensives ont eu lieu dans la dernière partie de l'épreuve à l'initiative des Néerlandaises Danique Braam (Lotto Soudal Ladies), Anouska Koster (Parkhotel Valkenburg) et Ellen van Dijk (Trek-Segafredo). L'Italienne Elisa Longo Borghini, coéquipière de Van Dijk, complétait le groupe, mais le quatuor a rapidement été ramené à la raison par le peloton.
La Néerlandaise Esther van Veen (Parkhotel Valkenburg) et la Norvégienne Vita Heine (Hitec Products-Birk Sport) ont connu le même sort quelques kilomètres plus loin. Les équipes de sprinteuses avaient clairement décidé de n'accorder aucun bon de sortie.
Il a fallu attendre le fort vent de côté dans le circuit final de 46,3 km autour de La Panne pour voir la course prendre un nouveau tournant. Les formations Boels Dolmans Cyclingteam et Team Sunweb ont tenté de profiter des conditions particulières pour créer des bordures au sein du peloton. Après une première accélération à 31 km de l'arrivée, les deux équipes ont finalement fait la différence à 17 km de la ligne. Seules 16 femmes parvenaient à accrocher le bon wagon. A plusieurs reprises dans le final, les membres de l'équipe Boels Dolmans ont essayé de s'envoler en solitaire. Mais Christine Majerus (par deux fois), Lonneke Uneken et Amy Pieters ont été prises en chasse par la formation Sunweb.
Dans les derniers hectomètres, Longo Borghini a lancé le sprint, mais Jolien D'hoore a franchi la ligne la première, devant Lorena Wiebes, avant d'être déclassée. La deuxième place est revenue à l'Allemande Lisa Brennauer (Ceratizit-WNT Pro), et la Belge Lotte Kopecky (Lotto Soudal Ladies) a pris la troisième place sur le podium, comme l'année dernière.
En raison des violentes rafales de vent, le dernier tour du circuit final a été amputé de 13,9 km en prenant un raccourci à Adinkerke pour éviter un nouveau passage à Moeren. La décision a été prise entre le jury, les organisateurs ainsi que les équipes, et a été entérinée deux heures après le départ de l'épreuve. Comme lors de la course féminine la veille, les AG Driedaagse Brugge-De Panne masculins sont partis sur un rythme endiablé très sélectif. La première heure s'est courue à 51,7 km/h de moyenne provoquant de multiples cassures au sein du peloton.
Après la deuxième heure de course, les coureurs ayant déjà couvert presque la moitié de la distance totale, plusieurs favoris impliqués dans des chutes se sont retrouvés en poursuite derrière le peloton. Parmi ces coureurs, on retrouvait notamment les Belges Oliver Naesen (AG2R La Mondiale) et Sep Vanmarcke (EF Pro Cycling) ainsi que l'ancien Champion du Monde UCI Michał Kwiatkowski (Ineos Grenadiers). Le vent soufflait sans relâche, et le Polonais a finalement perdu ses chances de revenir dans le peloton comme deux sprinteurs, l'Australien Caleb Ewan (Lotto Soudal) et l'Italien Sonny Colbrelli (Bahrain-McLaren).
Le groupe principal s’est à nouveau scindé en trois parties à la faveur du vent. Au premier passage sur la ligne d'arrivée, 23 coureurs possédaient plus d'une minute d'avance sur leurs poursuivants. Malchanceux, le Néo-Zélandais Tom Scully (EF Pro Cycling) crevait et perdait irrémédiablement le contact avec la tête de course.
Les conditions climatiques extrêmement difficiles ont durci encore un peu plus cette édition 2020 : à 30 km du but, ils n'étaient plus que 15 hommes en tête dont Mathieu Van der Poel, tout récent vainqueur du Tour des Flandres. Pour accompagner le Néerlandais, on retrouvait le Belge Tim Merlier, l'un de ses coéquipiers chez Alpecin-Fenix, l'Allemand John Degenkolb (Lotto Soudal), l'Italien Matteo Trentin (CCC Team) ou encore le Danois Kasper Asgreen (Deceuninck-Quick-Step). En revanche, le Norvégien Alexander Kristoff (UAE Team Emirates) et le Belge Jasper Stuyven (Team Segafredo) naviguaient dans un troisième groupe et pouvaient déjà abandonner tout espoir de victoire.
A 16 km de l'arrivée, Van der Poel a chuté dans un fossé. Le Néerlandais s’est fait une belle frayeur et a été contraint d'abandonner. Pour la victoire, tout s'est joué à 6 km de la ligne, moment choisi par Lampaert pour attaquer. Le Belge a résisté, et s’est imposé devant son compatriote et coéquipier Tim Declerq, qui avait tenté sa chance un peu plus tôt. Tim Merlier a lui pris la troisième place sur le podium.