Wiggle Honda: Une troisième saison et des objectifs ambitieux

Les Jeux Olympiques de Londres 2012 ont marqués un tournant décisif dans la vie de la cycliste professionnelle Rochelle Gilmore. Elle n’y participera pourtant même pas. Alors championne du Commonwealth et n’ayant pas été sélectionnée pour les Jeux Olympiques à cause d’une blessure, elle se retrouvait dans les studios d’Eurosport pour commenter la course dont elle aurait aimé être au départ.

« Apres avoir fini mon commentaire, j’ai posé mon casque sur le bureau et je me suis dit "C’est le bon moment'' ».

Pour quoi exactement?

La pro australienne avait décidé de créer une nouvelle équipe cycliste féminine professionnelle. C’était quelque chose dont elle avait toujours eu envie à un moment ou un autre, et c’est Shane Sutton, alors entraineur en chef de la Fédération Britannique de Cyclisme qui a été le facteur déclencheur. Il cherchait à l’époque une structure pour prendre en charge ses pistardes durant les deux premières années du prochain cycle olympique. Wiggle Honda était né.

« La Grande-Bretagne était folle de cyclisme féminin après les Jeux Olympiques, c’était donc le moment idéal pour lancer notre équipe et obtenir des sponsors », explique Gilmore. Les stars de la piste britannique Laura Trott, Danielle King, Joanna Rowsell et Elinor Barker ont vite été rejoints par la star italienne Giorgia Bronzini (« que je connaissais déjà et qui serait une capitaine d'équipe parfaite ») et dans l'espace de quelques mois, l’équipe enregistrée sous la fédération britannique était connue comme l'une des plus professionnelles du circuit.

Deux saisons plus tard, les pistardes sont parties se concentrer sur leur préparation pour Rio 2016. Malgré cela, l’équipe Wiggle Honda est plus forte que jamais et encore plus ambitieuse. Parmi les objectifs pour 2015 : une victoire dans la Coupe du Monde Route Femmes UCI.

Mission accomplie et plutôt deux fois qu’une. Jolien D'Hoore a remporté la première manche de Coupe du Monde, la Boels Rentals Ronde van Drenthe, grâce à un train mené par Chloe Hosking. Et lors du Tour des Flandres féminin dimanche dernier, Wiggle Honda a réalisé un doublé grâce à une victoire en solitaire d’Elisa Longo Borghini, suivie d’une deuxième place de Jolien D'Hoore. En outre, l'équipe est maintenant en tête du classement de la Coupe du Monde Route Femmes UCI 2015. «Nous avons franchi une étape importante avec ces victoires», se réjouit Gilmore, qui rajoute que chaque membre de l’équipe est capable de victoire, selon le jour et les circonstances.

L’effectif de Wiggle Honda ne s’arrête pas à d'Hoore et Borghini, l'équipe peut également compter sur d’autres grands talents tels que Giorgia Bronzini, Annette Edmondson, Chloe Hosking ... la liste est longue. On pourrait penser que la présence d’autant de championnes potentielles pourrait entrainer des tensions au sein de l’équipe. La directrice et propriétaire de l'équipe réfute cette idée. « Les athlètes et le personnel ont décidé ensemble qui viendrait dans l'équipe. Il n’y a pas de secret entre nous. Notre force est l'amitié qui lie les filles. Elles veulent passer du temps ensemble et elles veulent que les autres gagnent. »

Dès les débuts de Wiggle Honda, Rochelle Gilmore voulait une équipe professionnelle dans laquelle les athlètes seraient traitées comme des professionnels. Il est hors de question que les coureuses portent elle-même leur sac dans les escaliers de l'hôtel, la veille d’une course. Elle s’assure que chaque athlète a de l'eau potable dans sa chambre. Chaque coureuse reçoit des précisions par écrit dans sa chambre lui indiquant l'heure et le lieu de son massage. Ce ne sont pas des prima donna. Ce sont des pros. « Le moindre détails peut avoir un impact énorme sur une athlète, dit Gilmore. Elles s’entraînent tous les jours avant une course et leur santé est primordiale. Les 24 heures avant une course sont critiques et je ne veux pas qu’elles se blessent en portant leur sac. Je ne veux pas qu’elles aient à retourner dans le bus pour chercher de l'eau. Je ne veux pas qu'elles aillent à droite et à gauche pour connaitre l’horaire de leur massage. Physiquement et mentalement, tout cela fait une énorme différence. »

Le professionnalisme et l'attention au détail de Rochelle Gilmore s’étend également à ses relations avec les sponsors de l'équipe. « Il ne s’agit pas seulement d’utiliser nos sponsors. Avoir le nom d’un sponsor sur le maillot de l’équipe n’est pas suffisant. Le cyclisme féminin n'a pas la même visibilité que le cyclisme masculin. Le public ne regarde pas les logos. Il faut donc trouver d'autres façons de rendre service à ceux qui nous soutiennent. »

Le calendrier des courses de l'équipe reflète cette philosophie. Parmi les objectifs principaux figurent Le Tour de Grande-Bretagne, l’équipe étant britannique, et le Giro d'Italia pour soutenir leurs nombreux partenaires transalpins.

Honda étant également un sponsor, Gilmore était déterminée à compter une cycliste japonaise parmi son effectif. À la fin de 2012, et avec l'aide d'un traducteur, elle invitait la championne nationale du Japon Mayuko Hagiwara à rejoindre l’équipe. Soif d’aventures, la jeune cycliste accepta et en 2013 elle rejoint les rangs de l'équipe. Une nouvelle culture, une nourriture différente, une nouvelle langue, un vrai « cauchemar », selon Gilmore.

Cependant, Mayuko Hagiwara a tenu bon. En 2014, son anglais s’est amélioré, et elle signa une performance déterminante. Elle battait les plus grands noms du cyclisme mondial en terminant troisième au sommet de la troisième étape du Giro d'Italia. En 2015 elle fait toujours parti de l'équipe, parle anglais et se sent bien intégrée dans la formation.

« J’ai cru à un miracle quand Rochelle a contacté mon agent, se souvient Hagiwara. J’étais tellement déterminée à devenir pro en Europe, que j’ai décidé de déménager, bien que cela m’ait coûté mes sponsors et mon entraîneur. » Il y a eu quelques moments difficiles, mais elle n'a jamais jeté l’éponge :« Il m’est arrivé de me sentir misérable en raison de mes résultats et il m’arrivait de téléphoner à ma famille en larmes. Mais l'équipe m’as beaucoup soutenu et a toujours été très aimable avec moi. J’ai encore beaucoup à apprendre sur les courses, l’anglais et sur la façon de communiquer. Mes coéquipières me donnent beaucoup de conseils utiles et m’aident à m’ajuster. Évoluer au sein d’un tels groupe d’athlètes est très précieux pour moi. »

Mayuko Hagiwara continue à progresser au sein de l'équipe et espère obtenir suffisamment de points UCI pour participer aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, et à plus long terme, « ses » Jeux, à Tokyo en 2020. En menant à bien ces objectifs, Gilmore espère propulser Wiggle Honda à la tête des classements des équipes féminines mondiales.

Un autre but pour l’équipe est de progresser du troisième au premier rang du classement UCI par équipes avant février 2016.

« L'épreuve est de taille, avoue Rochelle Gilmore. Mais avec deux victoires sur trois à ce jour sur la Coupe du Monde UCI, nous sommes loin d’avoir fini d’entendre parler de Wiggle Honda. »

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