William Bjergfelt, paracycliste et membre d’une Equipe Continentale UCI

William Bjergfelt est un paracycliste britannique de 40 ans qui évolue dans la catégorie C5 depuis mai 2016. Cette jeune carrière a déjà vu Bjergfelt signer des résultats brillants, à commencer par sa victoire dans le contre-la-montre de la manche canadienne de la Coupe du Monde Route Paracyclisme UCI 2018. Il avait alors également pris la troisième place de la course en ligne. Plus récemment, Bjergfelt a fini quatrième de la course en ligne et cinquième du contre-la-montre de l'étape belge de la Coupe du Monde UCI 2019. L'un des paracyclistes les plus rapides de sa catégorie nous parle entraînement, mountain bike et résilience face à l'adversité.

ue retenez-vous de la récente manche de Coupe du Monde UCI organisée à Ostende ?

Le contre-la-montre s'est bien déroulé, mais j'espérais faire mieux que quatrième dans la course en ligne (remportée par l'Ukrainien Yehor Dementiev). Je me suis raté tactiquement en attaquant trop tôt, et ensuite je n'avais plus les jambes pour suivre le contre. J'étais fort quand même et je suis content de ma condition, surtout que je ne veux pas atteindre mon pic avant les Championnats du Monde UCI d’Emmen en septembre. A partir de là, je viserai les Championnats du Monde Piste Paracyclisme UCI, au Canada et, espérons-le, les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020.

On vous voit dans la catégorie C5 depuis 2016. Quel est votre parcours ?

Je suis dans cette catégorie en raison d'une déficience à la jambe droite consécutive à un grave accident de la route en septembre 2015. J'ai été percuté de plein fouet par une voiture alors que je descendais une bosse rapide près de chez moi dans les collines de Mendip [dans le comté du Somerset, en Grande-Bretagne]. Les chirurgiens ont sauvé le bas de ma jambe, qui avait encaissé une bonne partie du choc, grâce à de la chirurgie reconstructive avec du titane et en déplaçant le muscle pour combler le trou. On m'a dit que je ne pourrais plus courir à un haut niveau à cause de l'importance de mes blessures. Mais j'aime donner tort aux gens.

Donc vous couriez avant votre accident ?

Au bout d'un moment oui ! J'étais un adolescent en surpoids qui faisait tout son possible pour éviter les activités physiques, mais j'ai toujours aimé faire le fou avec un mountain bike. Un jour, un collègue m'a convaincu de faire une course de mountain bike, et je suis devenu mordu. Je suis passé d'ado en surpoids à coureur de haut niveau qui participait aux épreuves de la Coupe du Monde UCI de cross-country olympique, pendant plusieurs années, avant de me tourner vers la route. J'espérais courir le Tour of Britain un jour... jusqu'à l'accident.

Vous progressez désormais vers les hauteurs des classements dans la catégorie C5, mais vous êtes également coureur à un niveau semi-professionnel dans une équipe de valides ?

Oui, je cours avec SwiftCarbon Pro Cycling [une Equipe Continentale UCI]. Après l'accident, l’un de mes objectifs était de prouver qu'avoir un handicap ne doit pas vous obliger à abandonner vos rêves. J'ai rapidement appris que le niveau était très relevé dans la catégorie C5 ; en fait il y a trois autres coureurs C5 qui évoluent dans des Equipes Continentales UCI. J'ai aussi un travail à plein temps avec GKN Aerospace à Bristol ; j'y suis cadre.

Vous êtes mobilisés sur de nombreux fronts. Quel est votre équilibre entre l'entraînement, la course et le reste de votre vie ?

Mon entraînement est essentiellement géré par mon entraîneur chez British Cycling, Dan Henchy. Ça fait plusieurs années qu'il gère mon équilibre travail-vie et il me connaît bien. Normalement, je m'entraîne environ 15 heures par semaine, et ça peut dépasser les 25 heures lors de stages d'entraînement. J'aime m'entraîner chez moi, dans les Mendips ; il y a tout ce qu'il faut pour un cycliste : de superbes vues, des bosses et des routes plus faciles... Mais j'aime aussi fuir la météo britannique, direction Majorque en hiver. Mais à cette époque de l'année, avec les épreuves sur piste, je passe la moitié de mon temps d'entraînement dans un vélodrome.

Quelle attention portez-vous à votre alimentation ?

Je n'ai pas un régime précis, mais j'évite les aliments qui ne vont rien m'apporter en tant qu'athlète. Au sein de l'équipe British Cycling Paralympic, nous avons la chance d'être soutenu par SIS pour notre nutrition en course et à l'entraînement. Notre nutritionniste nous apprend également à être bien hydraté, ce qui est essentiel à la performance ; c'est une grande priorité.

Quel matériel utilisez-vous ?

J'ai rejoint SwiftCarbon cette année, je cours avec le SwiftCarbon Hypervox pour les courses en ligne et le Neurogen pour les contre-la-montre. Sur la piste, je vais continuer à rouler avec Cervélo, qui est un partenaire important de British Cycling.

Pour finir, un conseil pour les cyclistes et paracyclistes ?

Quand vous courez, peu importe qui vous êtes – Geraint Thomas, Peter Sagan, Dame Sarah Storey ou un amateur –, si vous voulez gagner ou faire une performance, ça va faire mal. Il faut toujours être prêt mentalement à dépasser ça, à pousser son corps à la limite. Vous en ressortirez plus fort.

👉🏻 Compte Twitter de William Bjergfelt  : https://twitter.com/wbjergfelt