La saison cycliste féminine sur route est repartie en 2019 sur les mêmes bases que celles sur lesquelles s’était achevée la précédente, à l’exception notable du Tour of Guangxi Women’s WorldTour, cette course ayant vu la victoire de la Cubaine Arlenis Sierra : la domination est néerlandaise. Annemiek Van Vleuten a même remporté les Strade Bianche alors qu’elle ne s’attendait pas à retrouver aussi tôt sa compétitivité après sa fracture du genou lors des Championnats du Monde Route UCI d’Innsbruck-Tyrol en septembre dernier.
La deuxième épreuve de l’UCI Women’s WorldTour est une autre affaire néerlandaise puisqu’il s’agit de la 21e édition du Ronde van Drenthe, dans la province du même nom, au Nord-Est des Pays-Bas, avec départ et arrivée à Hoogeveen, le 17 mars. « C’est une course assez ancienne et c’est vraiment cool qu’elle soit toujours organisée », s’en réjouit Annemiek Van Vleuten.
La manifestation date de 1960. Sa version féminine est plus récente, mais sa création remonte également au XXe siècle, en vérité à l’époque où Leontien van Moorsel n’était pas seulement la meilleure cycliste du monde mais également l’une des personnalités sportives dominantes aux Pays-Bas. En 1998, année de la première édition du Ronde van Drenthe féminin, elle était Championne du Monde UCI du contre-la-montre avant d’atteindre l’Olympe, couronnée aux JO, sur route (en l’an 2000) et dans le contre-la-montre (en 2000 et 2004).
« Les cyclistes d’aujourd’hui n’ont pas couru avec Leontien, précise Annemiek Van Vleuten. Moi-même, quand j’ai commencé (en 2006, à 23 ans, pendant ses années universitaires après avoir pratiqué le football), notre modèle comme source d’inspiration était déjà Marianne Vos. Mais nous savons toutes que Leontien a été la première professionnelle néerlandaise à dominer le cyclisme mondial. Elle a toute notre considération pour cela. »
« J’étais plutôt jeune quand Leontien était une championne » explique également la Championne du Monde Route UCI en titre Anna van der Breggen, qui a maintenant 28 ans mais qui a commencé le cyclisme à l’âge de sept ans : « je faisais déjà du vélo mais plus pour le plaisir. Je ne regardais pas les courses à cette époque ».
Leontien van Moorsel, désormais Directrice de l’Amstel Gold Race féminine, n’avait pas remporté la première édition du Ronde van Drenthe mais la deuxième, en 1999, et elle avait renouvelé son exploit en 2002. Le palmarès de l’épreuve réunit d’autres grands noms du cyclisme néerlandais contemporain : Chantal Beltman, Loes Gunnewijk, Marianne Vos bien sûr (trois victoires consécutives, entre 2011 et 2013), Chantal Blaak et Amy Pieters, lauréate l’an passé.
Les Pays-Bas continuent de dominer le cyclisme féminin sur route depuis la retraite de Van Moorsel en 2004. Marianne Vos (2012) et Anna van der Breggen (2016) sont les plus récentes Championnes Olympiques sur route. Quatre des sept derniers titres de Championne du Monde UCI sur route sont revenus à des Néerlandaises : Marianne Vos en 2012 et 2013, Chantal Blaak en 2017, Anna van der Breggen en 2018. Le podium du Championnat du Monde UCI du contre-la-montre était totalement orange l’an passé, avec Annemiek Van Vleuten sur la plus haute marche, accompagnée d’Anna van der Breggen et Ellen van Dijk. Par ailleurs, 16 des 24 manches de l’UCI Women’s WorldTour 2018 ont été remportées par des Néerlandaises !
« Le Ronde van Drenthe est important pour nous car c’est l’une des trois manches de l’UCI Women’s WorldTour aux Pays-Bas », rappelle Annemiek Van Vleuten. L’Amstel Gold Race en est une autre, depuis sa réapparition au calendrier en 2017 alors que trois éditions avaient été organisées de 2001 à 2003 (dont celle de 2002 gagnée par Leontien van Moorsel). Le Boels Ladies Tour, en septembre, est la troisième. Seule la Belgique, avec cinq épreuves, accueille plus de manches de l’UCI Women’s WorldTour.
Le Women’s WorldTour Ronde van Drenthe est une vraie classique printanière du Nord, mais son parcours n’est pas rigoureusement plat bien que sa ligne de départ se situe 20 mètres au-dessus du niveau de la mer et son arrivée à 14 mètres… Le VAMberg, principale aspérité du parcours, n’est pas assez long pour créer des différences significatives entre les concurrentes, mais il influe chaque année sur le déroulement de la course. « Le parcours présente quelques montées mais ce ne sont pas de vraies côtes, signale la sprinteuse Kirsten Wild, deux fois dauphine de Marianne Vos à Hoogeveen. Elles font quand même mal aux jambes ! C’est la combinaison de la distance, des côtes et des montées qui rend la course difficile. »
La Belge Jolien Dhoore, lauréate en 2015, définit le Women’s WorldTour Ronde van Drenthe comme « une course épique à cause des pavés proches de l’arrivée ». Annemiek Van Vleuten va plus loin en expliquant : « J’aime cette course. Il y a des passages qui ne sont pas des secteurs pavés mais des routes sur lesquelles des pierres ont été apposées il y a quelques années. Et c’est ce sur quoi nous courons… »
Anna van Breggen enchaîne : « C’est une course hollandaise et par conséquent une course à la mode hollandaise. C’est cool d’avoir une telle épreuve dans son propre pays. Elle existe depuis longtemps et comporte des pavés qui sont très durs. Le déroulement de la course dépend beaucoup des conditions météo. S’il y a du vent, il peut y avoir des bordures. Cela ajouté aux pavés, cela tourne à l’enfer. Mais j’aime la compétition à la mode hollandaise ! »