Centre Mondial du Cyclisme en Inde : le nouveau centre satellite du CMC UCI prend son envol

« C’est un tournant pour le cyclisme indien »

Ce sont les mots d’Onkar Singh, Secrétaire Général de la Fédération Indienne de Cyclisme, il y a quelques mois après l’ouverture du dernier né des centres satellites du Centre Mondial du cyclisme (CMC) UCI, à New-Delhi en Inde.

En mars, à peine plus de trois mois après l’inauguration du centre satellite, l’Inde envoyait pour la première fois une jeune femme aux Championnats du Monde Piste UCI. A 20 ans, Deborah Herold a fait parler d’elle l’an dernier en prenant la quatrième place du classement d’éligibilité UCI au 500m chronométré. Elle est ensuite entrée dans l’histoire en se qualifiant pour les Championnats du Monde Piste UCI 2016 où elle a amélioré son temps de référence du contre-la-montre.

Deborah est peut-être la première coureuse indienne à affronter l’élite mondiale lors de l’événement annuel majeur du calendrier sur piste UCI, mais le satellite du CMC UCI à New-Delhi entend changer durablement la donne : l’objectif est de développer une équipe de « pistards » de haut niveau capable de gagner des médailles aux Championnats du Monde Piste UCI en 2019 et aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

C’est une gageure pour un pays qui peinait même, jusqu’à présent, à se qualifier pour de telles compétitions.

Le programme est le résultat d’une vision à long terme partagée par la Fédération Indienne de Cyclisme et Sports Authority of India (SAI). Construit pour les Jeux du Commonwealth 2010 dans la capitale du pays, le vélodrome est devenu officiellement le Centre National de Cyclisme SAI en mars 2014. A l’époque déjà, l’intention était de développer les installations en un centre satellite du CMC UCI. En novembre dernier, le projet s’est concrétisé avec l’inauguration du Centre Mondial du cyclisme en Inde. Le travail a débuté par la détection de jeunes talents.

« Nous avons mené des tests à travers le pays le même jour pour des jeunes de 14 à 17 ans, explique Onkar Singh. Nous avons sélectionné 120 candidats, desquels 40 ont été retenu pour intégrer le centre d’entraînement. »

Cette nouvelle génération de coureurs sur piste indiens bénéficie de conditions inédites dans ce pays de 1,25 milliard d’habitants, qui pour la plupart utilisent au moins une bicyclette pour leurs transports ou comme activité de loisir.

Les jeunes actuellement au satellite CMC UCI à New-Delhi se voient offrir leur équipement et leur tenue. Ils côtoient la sélection indienne du Centre National de Cyclisme et, parallèlement aux entraînements, poursuivent l’école grâce à la présence d’enseignants au centre afin que leur scolarité ne soit pas négligée.

En plus du vélodrome, le satellite comporte deux salles de gym équipées, un atelier et du personnel formé, des logements, un centre médical, des classes de cours, et un restaurant préparant une alimentation conseillée par des diététiciens.

« En fait, c’est comme une pépinière de jeunes talents qui formeront le vivier de la future équipe d’Inde, explique Singh. Nous avons lancé ce projet avec les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en ligne de mire. »

Sachant que derrière chaque athlète performant se trouve un entraîneur expérimenté, le satellite CMC UCI de New-Delhi a mis en place un programme d’entraînement complet. Ce mois-ci, plus de 30 entraîneurs nationaux suivront un enseignement de trois jours. Le CMC assurera ensuite une formation de Niveau 1 UCI au centre de New-Delhi. A terme, certains entraîneurs iront au CMC UCI d’Aigle, en Suisse, pour compléter leurs connaissances en vue du Diplôme d’Entraineur UCI, la plus haute qualification d’entraîneur.

L’entraîneur principal du satellite, RK Sharma, a reçu le Diplôme d’Entraineur UCI ; il est entouré de huit entraîneurs adjoints à New-Delhi. Le centre dispose de six autres assistants, dont deux mécaniciens, et plus de personnel encore est financé par la Sports Authority of India.

« Il y trois ans, le cyclisme indien ne représentait rien, raconte Onkar Singh.

« Le satellite CMC à New-Delhi était le rêve de la Fédération Indienne de Cyclisme et a transformé le destin du cyclisme en Inde. »

Il ajoute: « C’est le seul exemple en Inde de projet commun entre la SAI et une Fédération Nationale. L’arrivée de l’UCI a été la cerise sur le gâteau. »

Onkar Singh ajoute que le satellite entend s’appuyer aussi sur l’expertise de l’UCI pour ce qui concerne l’approche scientifique de l’entraînement.

« C’est un projet prestigieux pour l’Inde, et avec les installations mises à disposition, ce centre pourrait devenir une usine à médailles pour le pays. Il y a encore beaucoup à faire. Ce n’est que le début et j’espère pouvoir faire quelque chose pour le cyclisme asiatique. »

Le Centre Mondial du Cyclisme en Inde est l’un des cinq satellites CMC UCI à travers le monde avec l’Afrique du Sud (Potchefstroom), la Corée du Sud (Yeongju), l’Argentine (Mar del Plata) et le Japon (Izu).

Le Directeur du Centre Mondial du cyclisme UCI, Frédéric Magné, est convaincu que le dernier centre satellite en Inde assurerait un développement important au cyclisme du pays. « Avec plus d’1,25 milliard d’habitants, et une pratique importante de la bicyclette dans la vie quotidienne, l’Inde doit regorger de jeunes talents inexploités, a-t-il déclaré. C’est un plaisir de travailler avec la Fédération Indienne de Cyclisme et la Sports Authority of India pour mettre en place et développer ce site magnifique qui pourrait bien voir l’Inde émerger sur la scène internationale dans les années à venir. »