Journée internationale du sport au service du développement et de la paix : le regard de Benafsha Faizi

En octobre 2021, l’Union Cycliste Internationale (UCI) a aidé 125 citoyens afghans, dont des membres de la communauté cycliste, à quitter leur pays. Benafsha Faizi, collaboratrice de l’équipe média de la Fédération Cycliste d’Afghanistan, et ancienne responsable média et porte-parole du Comité National Olympique afghan, faisait partie des personnes accueillies dans ce cadre au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI à Aigle, en Suisse.

A l’occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, nous nous sommes entretenus avec Benafsha Faizi, qui vit maintenant avec son mari en Suisse, dans la ville de Montreux, où le couple attend un enfant.

Comment se sont passés vos six premiers mois en Suisse ?

Benafsha Faizi (B. F.) : Quitter le pays où vous avez grandi, où vivent vos proches et votre famille, pour recommencer votre vie dans un pays où tout est différent n’est pas un choix facile. Mais quand les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan, nous connaissions le sort peu enviable qui serait réservé aux femmes : pas d’école, d’université, de travail ou de sport. En quittant l’Afghanistan pour la Suisse, les femmes cyclistes étaient plus qu’heureuses d’arriver dans un pays où elles seraient en sécurité et auraient la liberté de faire à nouveau du vélo et de réaliser leurs rêves.

Le sport est-il important pour la compréhension entre les pays ?

B. F. : Au sein du Comité National Olympique afghan, j’étais responsable du contenu média et de la publication d’actualités sportives. J’organisais aussi des ateliers média pour différentes Fédérations. Ma dernière expérience remonte aux Jeux Olympiques Tokyo 2020 où j’ai couvert les compétitions.

Nous vivons dans un monde où il y a des discriminations, des guerres et des inégalités. Mais depuis que je travaille avec le Comité Olympique afghan, j’ai pu constater que le sport nous rassemble, quelles que soient la couleur de la peau, la religion ou l’origine ethnique. J’ai vu le sport promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, et donner à ces dernières les mêmes droits qu’aux hommes.

Etait-ce également le cas en Afghanistan ?

B. F. : Même si les Afghans étaient affectés par la guerre, je voyais tous les jours que le sport rendait les athlètes heureux. Je pense que le sport est un moyen de faire face à l’adversité. C’est le cas pour les spectateurs qui suivent leur sport préféré et encouragent les athlètes. C’est également le cas pour les athlètes qui ont l’occasion de percer et de vivre une expérience incroyable.

Le Centre Mondial du Cyclisme UCI se prépare maintenant à accueillir des athlètes ukrainiens. Encore un exemple de solidarité dans le monde du sport..

B. F. : Je pense beaucoup aux victimes de la guerre et aux personnes qui fuient leur pays. Et je comprends parfaitement la situation des Ukrainiens, parce que je viens aussi d’un pays ravagé par la guerre. Je remercie l’UCI de tous nous accueillir et je suis ravie que les cyclistes ukrainiens puissent faire du vélo en Suisse en toute sécurité. Ce serait magnifique de voir des Afghans et des Ukrainiens faire du vélo ensemble pour oublier les douleurs du passé.

Quel message adressez-vous aux personnes dans des moments de souffrance ?

B. F. : Je les encouragerais à continuer à pratiquer leur sport, même s’ils ne vivent plus dans leur environnement habituel. C’est important pour la santé mentale et pour unir des personnes animées par une même passion.

Les personnes qui connaissent des situations de guerre et fuient leur pays souffrent de troubles psychologiques à long terme. Faire du sport rend plus heureux et moins stressé. C’est excellent pour la santé mentale. Le sport nous ouvre des portes quelles que soient nos différences. Il aide les gens à oublier la souffrance et la douleur, et à profiter de moments ensemble.