L’UCI adopte une résolution en lien avec la position du Mouvement olympique au sujet des sanctions prises à l’encontre de la Russie et de la Biélorussie

Le Comité Directeur de l’Union Cycliste Internationale (UCI) s’est réuni les 2 et 3 février à Hoogerheide (Pays-Bas), en marge des Championnats du Monde Cyclo-cross UCI qui se déroulent dans la ville du Brabant-Septentrional du 3 au 5 février.

Dans ce cadre, le Comité Directeur de l’UCI a adopté à l’unanimité une résolution en lien avec la position du Mouvement olympique au sujet des sanctions prises à l’encontre de la Russie et de la Biélorussie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette résolution s’inscrit dans la ligne des réunions de la Commission exécutive du Comité International Olympique (CIO) du 25 janvier et du 7 décembre derniers, ainsi que du 11e Sommet Olympique du 9 décembre 2022.

L’UCI tient tout d’abord à rappeler qu’elle a fermement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie dès le déclenchement des hostilités.

Elle rappelle également qu’elle a décidé, dès le 1er mars, d’offrir son soutien à la communauté cycliste ukrainienne, aux côtés de l’Union Européenne de Cyclisme (UEC), s’engageant notamment à accueillir des athlètes ukrainiens au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI, son centre de formation et d’entraînement situé à Aigle, en Suisse. Dans ce cadre, l’UCI a apporté un soutien technique et matériel à la Fédération Cycliste Ukrainienne pour permettre à ses coureurs de continuer à s’entraîner et courir. Dans ce contexte, des véhicules d'assistance pour les coureurs et le personnel ukrainiens ont été fournis. Un crédit de 600'000 francs suisses a été débloqué à cette fin, ce qui a fait de l’UCI la première Fédération Internationale (FI) du monde en matière de soutien aux athlètes ukrainiens.

L’UCI a par ailleurs immédiatement soutenu et transposé dans ses règlements les recommandations émises par le CIO à l’attention des FI à la suite de la violation flagrante de la Trêve olympique et de la Charte olympique dont les États et gouvernements russes et biélorusses portent l’entière responsabilité. Les sanctions prononcées impliquent notamment qu’aucune sélection nationale russe ou biélorusse ne peut participer aux Championnats du Monde UCI, aux Championnats Continentaux UEC ou à toute autre épreuve du Calendrier International UCI, qu’aucune épreuve se déroulant sur le territoire de la Russie ou de la Biélorussie ne peut être inscrite au Calendrier International UCI, et qu’aucun drapeau, hymne, couleur ou autre identification de ces pays ne doit apparaître lors de épreuves.

Dès le début du conflit, le CIO et l’ensemble des membres du Mouvement olympique, parmi lesquels l’UCI, ont toujours jugé primordial le principe de neutralité politique du Mouvement olympique.

Le Mouvement olympique s’est toutefois trouvé confronté à un grave dilemme : soit garantir l’intégrité des compétitions sportives et la sécurité des athlètes, soit protéger les compétitions de toute influence politique. Privilégiant l’intégrité des compétitions et la sécurité des athlètes, la grande majorité du Mouvement olympique a adopté des mesures de protection qui consistaient à ne pas autoriser la participation de sélections nationales russes et biélorusses.

Après avoir soutenu le maintien des sanctions en cours contre les États et gouvernements russes et biélorusses, et confirmé leur totale solidarité avec les athlètes ukrainiens et la communauté olympique ukrainienne, les participants au 11e Sommet Olympique ont débattu de la participation des athlètes russes et biélorusses aux compétitions internationales en vue de la Commission Exécutive du CIO du 25 janvier. Ils ont notamment considéré que les mesures prises par les gouvernements constituaient des ingérences inacceptables dans l’autonomie des organisations sportives et de leur neutralité politique, contraires au principe selon lequel la participation aux compétitions sportives doit être fondée uniquement sur les mérites sportifs de l’athlète et le respect des règles du sport. Ils ont aussi considéré que l’interdiction de la participation d’athlètes sur la base de leur seul passeport entrait en contradiction avec la mission fondamentale du sport olympique qui consiste à unifier le monde dans une compétition pacifique.

La nécessité de la neutralité du Mouvement olympique, et le rôle unificateur et pacificateur du sport ont été rappelés lors de plusieurs prises de position publiques, notamment les suivantes :

  • L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité des États membres lors de sa 77e session une résolution intitulée « Le sport, facteur de développement durable ». Celle-ci reconnaît en particulier « le caractère unificateur et conciliateur » des grande manifestations sportives internationales et appuie la neutralité politique du Mouvement olympique, et « l’indépendance et l’autonomie du sport ».

  • Dans une déclaration, le Président du G20, le Président de l’Indonésie Joko Widodo, s’est exprimé en faveur de la neutralité politique du sport et a rappelé le pouvoir fédérateur des Jeux Olympiques et Paralympiques.

  • Des experts indépendants des droits humains chargés par l’ONU d’enquêter et de rendre compte de la situation des droits humains dans le monde ont salué dans leurs conclusions du 1er février 2023 l’étude par le CIO de la possibilité d’autoriser les athlètes russes et biélorusses à prendre part aux compétitions sportives internationales en tant qu’athlète sous bannière neutre, déclarant « nous demandons au CIO d’adopter une décision allant dans cette direction et de faire en sorte d’empêcher toute discrimination d’athlète sur la base de sa nationalité ».

Au cours des débats du 11e Sommet Olympique, les participants ont considéré que la situation devait évoluer et qu’il convenait d’envisager de faciliter la participation des athlètes russes et biélorusses lorsque cela était possible, chaque FI évaluant pour son propre sport si les raisons justifiant les mesures de protection existaient toujours.

Sur cette base, les participants au 11e Sommet Olympique ont convenu à l’unanimité que le CIO continuerait de mener la réflexion sur la participation des athlètes qui respectent pleinement la Charte olympique et les sanctions, et que ce point devait être discuté lors des consultations engagées par le CIO avec ses membres, les représentants des athlètes, les FI (le 17 janvier) et les CNO.La Commission exécutive du CIO devait ensuite tenir compte des discussions menées lors du Sommet Olympique et des consultations exhaustives lancées lors de la révision des mesures de protection concernant la participation des athlètes aux compétitions.Tous les participants au Sommet Olympique se sont engagés à suivre ces recommandations révisées afin d'assurer l'unité du Mouvement olympique dans la poursuite de sa mission unificatrice de paix.

La Commission exécutive du CIO du 25 janvier a étudié les conclusions adoptées à l’unanimité par le 11e Sommet Olympique ainsi que les avis exprimés lors des consultations engagées. Elle a pris note de la volonté des parties consultées de renforcer les sanctions déjà en place et de continuer à soutenir les athlètes ukrainiens. En outre, la grande majorité des participants aux consultations ont fait part de leur attachement à la mission unificatrice du Mouvement olympique, au respect des droits de tous les athlètes sans discrimination, tout en considérant qu’il fallait étudier plus avant la manière dont les athlètes pourraient participer à des compétitions dans des conditions strictes (participation sous bannière neutre et plein respect de la Charte olympique notamment). La grande majorité des participants aux consultations ont demandé au CIO de poursuivre l’étude des points mentionnés ci-dessus par le biais de consultations bilatérales, chaque FI étant la seule autorité pouvant régir les compétitions internationales dans son sport.

Sur la base de ce qui précède, le Comité Directeur de l’UCI a décidé :

  • De réitérer sa condamnation de l’agression de l’Ukraine par le gouvernement russe et d’appeler une nouvelle fois à une résolution rapide du conflit dans le respect des dispositions du droit international.

  • De soutenir la résolution de la Commission exécutive du CIO du 25 janvier 2023.

  • De poursuivre son soutien aux athlètes ukrainiens comme elle le fait depuis le 24 février 2022.

  • De rappeler son attachement à sa neutralité politique.

  • De souligner le droit de tous les athlètes, quelle que soit leur nationalité, à être traités sans discrimination, comme mentionné par les experts mandatés par l’ONU.

  • De soutenir plus spécifiquement la résolution du 11e Sommet Olympique et de la Commission exécutive du CIO du 25 janvier sur la participation des athlètes et officiels russes et biélorusses qui ne devrait dépendre que de leur mérite sportif et de leur respect des règles sportives, qui ouvre la voie à leur participation, dans des conditions strictes, aux épreuves internationales. Celle-ci ne pourrait intervenir qu’après une nouvelle résolution de la Commission exécutive du CIO.

  • Qu’une éventuelle participation aurait lieu selon les conditions strictes suivantes :

    • Les athlètes participeraient aux compétitions en tant qu’« athlètes neutres » et ne représenteraient en aucun cas ni leur État ni aucune autre organisation de leur pays.

    • Seuls les athlètes qui respectent pleinement la Charte olympique pourraient participer. En d’autres termes : premièrement, seuls ceux qui n’auront pas été à l’encontre de la mission de paix du CIO en soutenant activement la guerre en Ukraine pourraient concourir ; deuxièmement, seuls les athlètes qui se conformeront entièrement au Code mondial antidopage et à l’ensemble des règles et règlements antidopage correspondants seraient admissibles. Des vérifications devront être effectuées pour chacun(e) des athlètes inscrit(e)s.

  • De confirmer que dans l’attente, la position relative à la participation des athlètes russes et biélorusses prise par le Comité Directeur de l’UCI le 1er mars 2022 demeure applicable, laquelle prévoir notamment :

    • le refus de toute demande d’inscription d’épreuves russes et biélorusses au Calendrier International UCI ;

    • le refus d’inscrire les Championnats Nationaux de Russie et de Biélorussie au Calendrier International UCI ;

    • le refus de toute candidature russe ou biélorusse pour l’organisation d’évènements UCI ;

    • l’interdiction de faire apparaître l’ensemble des emblèmes, noms, acronymes, drapeaux et hymnes liés à la Russie et à la Biélorussie lors de toutes les épreuves du Calendrier International UCI ; les maillots des Champions Nationaux russes et biélorusses demeurent donc interdits ;

    • le régime spécial permettant aux coureurs détenteurs de plusieurs nationalités au 1er mars 2022 de changer de nationalité sportive sans restriction de participation.

  • De rappeler que si les compétitions du Calendrier International UCI sont en principe ouvertes à tous les athlètes des Fédérations Nationales affiliées à l’UCI, les pays ne peuvent participer qu’aux Championnats Continentaux de leur Confédération Continentale (i.e. l’Europe pour la Russie et la Biélorussie).

  • D’appeler les gouvernements à respecter l’indépendance du Mouvement olympique, ses positions et sa neutralité politique, et de ne pas décider de quels athlètes peuvent ou non participer à des compétitions internationales sur la seule base de leur nationalité.

  • D’appeler les gouvernements à ne pas utiliser les Jeux Olympiques et nos compétitions internationales comme un outil de sanction politique, et de respecter les principes fondamentaux de l’Olympisme tels que définis dans la Charte olympique, parmi lesquels la promotion d’une société pacifique, la non-discrimination, la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play, la neutralité politique et l’autonomie.

Lors des débats, le Président de l’UEC a exprimé la préoccupation qui demeure au sein de la Confédération Continentale européenne s’agissant des positions hostiles des gouvernements et des opinions publiques d’un certain nombre de pays et qui pourraient maintenir des restrictions sur leurs territoires respectifs en dépit des principes de la Charte olympique ainsi que de l’autonomie et de la neutralité du Mouvement olympique. L’UEC a ainsi souhaité qu’un travail soit réalisé par le CIO auprès des différents gouvernements afin que les Fédérations Nationales, les organisateurs et les athlètes ne soient pas mis en difficulté s’ils devaient organiser ou participer à des épreuves qui pourraient être ouvertes aux athlètes russes et biélorusses. Ils ont par ailleurs mentionné leur volonté de conserver l’unité de l’Europe, et que la décision à venir sur la participation des athlètes russes et biélorusses ne constitue pas un vecteur de division des pays européens.

L’UCI tient enfin à réaffirmer son souhait que le Mouvement olympique puisse agir dans l’unité pour remplir ses missions et promouvoir la paix et l’amitié entre les peuples par le sport, et à redire son soutien aux initiatives prises par le CIO dans ce sens.

La prochaine réunion du Comité Directeur de l’UCI se tiendra du 2 au 5 mai 2023 à Cagliari, en Italie.