Simon Hupperetz guide les coureurs rwandais vers 2025

Dans deux ans et demi, le Rwanda deviendra la première nation africaine à accueillir les Championnats du Monde Route UCI, le plus grand événement annuel organisé par l'Union Cycliste Internationale (UCI).

Ce sera un événement historique pour le Rwanda, pour le continent africain et pour le cyclisme.

Avec le soutien du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI et de son Satellite de Développement Continental en Afrique du Sud (World Cycling Centre Africa - WCCA), l'ensemble du continent africain se prépare depuis longtemps aux Championnats du Monde Route UCI 2025 dans l'espoir de voir des coureurs africains sur les podiums.

Mais qu'en est-il, plus spécifiquement, des athlètes rwandais ?

« Nous avons quelques jeunes coureurs prometteurs qui courent actuellement dans les rangs des Juniors et des Moins de 23 ans, et avec un meilleur soutien et davantage de contacts avec la compétition, nous pensons qu'ils feront bien plus que simplement participer en 2025. »

Ce sont les mots de Simon Hupperetz, un homme à la mission claire.

Hupperetz est belge, mais le jeune trentenaire est basé à Kigali depuis six ans. Il est professeur de langues, mais aussi entraîneur cycliste qualifié et très expérimenté, titulaire du Diplôme d'entraîneur UCI de niveau 3.

Ce n'est donc pas un hasard s'il a été nommé Responsable du projet de développement pour le Rwanda en vue des Championnats du Monde Route UCI 2025. Dans ce rôle, il conseille, guide et soutient la Fédération Rwandaise de Cyclisme (FERWACY) pour préparer ses athlètes au grand événement. Pour ce faire, il travaille également en étroite collaboration avec le CMC UCI et le WCCA, pour lesquels il agit en tant que consultant en formation d'entraîneur depuis 2013.

« Nous nous concentrons principalement sur le développement des jeunes, l'un des plus grands chaînons manquants du cyclisme au Rwanda », observe Hupperetz, qui ne manque pas d'expérience du sport dans son pays d'adoption : il a été cofondateur et Directeur Sportif de la première Equipe Continentale UCI rwandaise – Benediction Continental Cycling Team –, a entraîné le vététiste Nathan Byukusengein pour les Jeux Olympiques de Rio 2016 et a travaillé en étroite collaboration avec le WCCA et la FERWACY sur de multiples projets de détection et de développement des talents. Une expérience qui l'a rendu très conscient des forces et des faiblesses des athlètes rwandais.

« Leur force mentale est quelque chose que j'ai toujours admiré, observe-t-il en se souvenant du Grand Tour d'Algérie 2016, où son équipe nationale – qu'il a entraînée pendant un an – avait enduré trois semaines de froid et d'humidité, avec des températures descendant souvent en dessous de 5 degrés Celsius et de la neige faisant occasionnellement son apparition. Je n'ai jamais entendu un coureur se plaindre, même si aucun d'entre eux n'était habitué à courir dans le froid.

« Une autre de leurs forces est leur rapport poids/puissance, ce qui signifie souvent qu'ils sont de bons grimpeurs. »

Opportunités de course

L'une des priorités de Hupperetz est d'offrir des opportunités de course aux jeunes athlètes rwandais dans les catégories Moins de 15 et Moins de 17 ans, dans l'optique d'avoir des Juniors compétitifs en 2025. De nouvelles installations telles que le Centre de cyclisme Field of Dreams, à Bugesera, lancé par l'UCI ProTeam Israël - Premier Tech, contribueront grandement au projet de proposer des courses hebdomadaires aux jeunes coureurs.

Ceux qui se montreront les plus prometteurs se verront offrir l’opportunité d'acquérir de l'expérience à l’international.

« Avec le soutien du CMC UCI et du WCCA, nos meilleurs coureurs bénéficieront d'un encadrement permanent et participeront régulièrement à des camps d'entraînement et à des compétitions en Afrique du Sud et en Europe, explique Hupperetz, qui supervise également un programme de formation pour les personnes travaillant dans les professions du cyclisme, comme les entraîneurs et les mécaniciens.

« Tous font partie d'un même et fragile écosystème. Lorsqu'un maillon manque, on ne peut pas progresser. Les entraîneurs, les enseignants et les éducateurs font partie de la réussite de l'ensemble du projet, explique Hupperetz qui, au fil des ans, a visité 15 pays africains pour y dispenser des cours d'entraînement. Ils prennent soin des athlètes et les forment jusqu'à ce que d'autres prennent le relais. Les mécaniciens, les soigneurs et les Commissaires ont tous un rôle à jouer dans le processus et peuvent permettre aux coureurs de s'épanouir. »

Poursuivre la progression

Le cyclisme rwandais a déjà énormément progressé depuis 2006 : le Tour du Rwanda est devenu une course de catégorie 2.1 UCI, les premières Equipes Continentales UCI du pays ont été fondées, le Centre Africa Rising, siège de l'équipe nationale, a ouvert à Musanze et de nouveaux clubs ont été créés.

« Nous pouvons nous appuyer sur les progrès déjà réalisés pour rattraper les meilleures nations cyclistes africaines telles que l'Erythrée et l'Afrique du Sud. C'est vraiment possible », affirme Hupperetz.

Le Responsable du projet de développement pour le Rwanda a beaucoup de travail devant lui au cours des deux prochaines années et demie, mais il se réjouit déjà des historiques Championnats du Monde Route UCI 2025.

« Le sport unit et génère de la joie et de l'excitation pour tout le monde. Comme beaucoup d'autres passionnés de cyclisme, je rêve de voir un coureur africain devenir Champion du Monde UCI. Quand on sait d'où viennent ces jeunes femmes et ces jeunes hommes, on ne peut qu'admirer leur résilience. Leur parcours n'est pas simple. »

Et son anticipation va au-delà du sport lui-même... « Le Rwanda est un pays magnifique, et le voir du ciel sera quelque chose d'absolument fantastique et de complètement différent de ce que les fans de cyclisme du monde entier ont l’habitude de voir. »