UCI WorldTour : Remco Evenepoel, le soliste arc-en-ciel

L’actuel Champion du Monde UCI s’est adjugé un doublé historique dimanche en remportant Liège-Bastogne-Liège pour la deuxième année consécutive, à nouveau en solitaire, devant Tom Pidcock (Ineos Grenadiers) et Santiago Buitrago (Bahrain Victorious).

Maillot arc-en-ciel sur les épaules et tout de blanc vêtu sur les routes ardennaises, le tenant du titre Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) s’est une nouvelle fois envolé au sommet de la côte de la Redoute, à une trentaine de kilomètres de l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège. Une attaque redoutableet redoutée que seul le Britannique Tom Pidcock a pu suivre le temps de quelques hectomètres.

Dimanche, rien ni personne ne pouvait empêcher le jeune crack belge d’entrer un peu plus dans l’histoire du cyclisme. Pas même Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), malheureusement contraint à l’abandon après avoir été victime d’une double fracture du scaphoïde et du lunatum.

Célébration arc-en-ciel

A Liège, pour sa première course UCI WorldTour en Belgique depuis son titre mondial UCI de la course en ligne à Wollongong (Australie), le natif d’Alost a enfin pu faire briller sa tunique. Un arc-en-ciel sous la pluie, ça ne s’invente pas. Un succès qui est venu récompenser le travail collectif de sape continu de la Soudal Quick-Step. « C’est une fierté de gagner cette belle course avec ce maillot. Je voulais cette photo pour l’encadrer chez moi », s’est réjoui le désormais double vainqueur de la Doyenne.

Imperturbable malgré une première accélération dans la côte de Wanne de Jan Tratnik (Jumbo-Visma), accompagné dans un premier temps par Magnus Sheffield (Ineos Grenadiers) et Valentin Madouas (Groupama - FDJ), le « Wolfpack » a entrepris un véritable écrémage par l’arrière sous l’impulsion de Mauro Schmid, Julian Alaphilippe, Louis Vervaeke puis Ilan Van Wilder. Une course par élimination qui a rapidement eu raison des ambitions de Mikel Landa (Bahrain Victorious), Enric Mas (Movistar Team) et Alexey Lutsenko (Astana Qazaqstan Team).

Et comme l’année dernière, c’est dans la légendaire côte de la Redoute que Remco Evenepoel a porté son attaque décisive. « Le final était plus dur cette année, mais ça me convenait mieux. C’est pour ça que j’ai choisi d’attaquer dans la Redoute », expliquait Evenepoel à l’arrivée, avant d’ajouter : « Le plan B, c’était de faire un écart au sommet de la Roche-aux Faucons. Quand je me suis retourné, j’ai vu qu’il n’y avait plus que cinq coureurs qui me suivaient. J’ai compris que le rythme était très soutenu et que je réussirais à m’échapper si je pouvais attaquer. Je suis content que le plan A ait fonctionné. »

Dans le panthéon du cyclisme aux côtés des plus grands

Cibler ses objectifs et les réaliser, c’est la marque des grands champions. Remco Evenepoel était déjà une étoile à l’éclat unique, mais cette deuxième victoire à Liège, à seulement 23 ans, lui assure une place au côté de quelques-uns des plus grands du cyclisme. Le « Petit Cannibale » est devenu le premier coureur à s’imposer sur la Doyenne avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules depuis Moreno Argentin en 1987. Outre l’Italien, seuls trois autres coureurs l’avaient fait dans le passé : le Suisse Ferdi Kübler (1952), qui était également le dernier à s’être imposé lors de ses deux premières participations avant Evenepoel, Rik Van Looy (1961) et Eddy Merckx (1972 et 1975).

Dompter la Doyenne n’est déjà pas donné à tout le monde. Mais la remporter deux fois successivement est un exploit d’un autre calibre, que très peu de coureurs ont réalisé. Ce 23 avril, Evenepoel est donc devenu le neuvième coureur de l’histoire à réussir ce coup de maître, succédant à l’Italien Michele Bartoli (1997 et 1998) et rejoignant Merckx (vainqueur de 1971 à 1973), Argentin (de 1985 à 1987), et les Belges Fred De Bruyne (1958 et 1959), René Vermandel (1923 et 1924), Louis Mottiat (1921 et 1922) et enfin Léon Houa, vainqueur des trois premières éditions à la fin du 19e siècle (la Doyenne est née en 1892).

Remco Evenepoel n’a pas seulement remporté son deuxième Monument, dimanche dans les Ardennes : il a dépoussiéré tous les livres d’histoire du cyclisme sur route.

Les yeux sur le maillot rose

Après avoir remporté Liège-Bastogne-Liège avec le plus grand écart (1’06’’) sur ses poursuivants depuis Andy Schleck en 2009, « le phénomène » Evenepoel va désormais partir à l’assaut du Giro d’Italia (6 au 28 mai), où il retrouvera Primoz Roglič (Jumbo-Visma), contre lequel il avait échoué de peu lors de leur premier duel de la saison, sur les routes de la Volta Ciclista a Catalunya.

Le Belge est déjà retourné à l’entraînement avant d’aborder son grand objectif de la saison, pour lequel il veut reproduire la préparation qui lui avait permis de remporter son premier Grand Tour en septembre dernier, la Vuelta Ciclista a España. Après le maillot rouge et l’arc-en-ciel, place au rose ?