Un mois après que l'Union Cycliste Internationale (UCI) a annoncé de nouvelles mesures en faveur de la sécurité dans les courses sur route, certaines de ces initiatives ont déjà été testées avec succès lors des deux premières semaines du Tour de France 2024. Les tests se poursuivront lors d'autres épreuves de l'UCI WorldTour et de l'UCI Women's WorldTour.
Les mesures testées sont principalement les suivantes :
la modification de la règle dite « des trois kilomètres » (ou « de la zone de sprint »),
la simplification du mode de calcul des écarts pour les étapes avec arrivée prévue au sprint massif,
la restriction du port et de l’utilisation en course des oreillettes,
l’introduction d’un système de cartons jaunes.
Les deux premières ont fait l’objet de tests sur le Tour de France.
Les tests sont mis en œuvre sur la base des recommandations formulées par SafeR, la structure dédiée à la sécurité qui réunit des représentants de toutes les parties prenantes du cyclisme sur route. SafeR analysera les résultats, ce qui lui permettra de formuler des recommandations éclairées en ce qui concerne la sécurité de toutes les personnes présentes sur les courses sur route professionnelles qui pourront mener à des modifications du cadre règlementaire, à l’établissement de recommandations à destination des parties prenantes et à des actions de sensibilisation.
D'ores et déjà, le Comité de gestion des cas de SafeR – composé d'analystes, et de représentants des équipes, des coureurs et des organisateurs – se réunit chaque semaine pour examiner tout incident de course survenu au cours de la semaine précédente, proposer des mesures disciplinaires, enquêter sur les problèmes de sécurité soulevés par les coureurs et les équipes, et étudier les recommandations qui pourraient être formulées en conséquence. Les examens récents se sont concentrés sur le comportement des coureurs dans les arrivées au sprint, les incidents impliquant des véhicules et l'analyse des segments de parcours ayant soulevé des problèmes de sécurité.
Parmi les initiatives testées lors du Tour de France 2024 figure la modification de la règle dite « des trois kilomètres » (ou « de la zone de sprint »), qui permet d'étendre la distance prise en compte de trois kilomètres à un maximum de cinq kilomètres à la demande des parties prenantes avant le départ de l'épreuve. Pour rappel, cette règle concerne la distance avant la ligne d'arrivée d’une étape en ligne (arrivées au sommet exceptées) sur laquelle, en cas d'incident dûment constaté (par exemple une chute, un problème mécanique ou une crevaison), le coureur affecté est crédité du temps du ou des coureur(s) avec en compagnie du ou desquels il roulait au moment de l'incident. L'extension de la zone d'application de la règle, lorsqu'elle est nécessaire, permet de réduire la pression pesant sur les coureurs dans la phase de la course précédant le sprint final. Cette modification a été testée sur six étapes au cours des deux dernières semaines – en même temps que la simplification de la méthode de calcul des écarts de temps dans les sprints massifs – et a reçu des réactions positives de la part des parties prenantes. Elle sera ensuite testée sur deux étapes du Tour de France Femmes avec Zwift (12-18 août) et sur quatre étapes de La Vuelta Ciclista a España (17 août - 8 septembre).
La Base de données des incidents de course de l'UCI, établie en partenariat avec l'Université de Gand, en Belgique, en 2021, constitue un outil clé dans les efforts de SafeR pour améliorer la sécurité sur les courses. Pour accroître l'efficacité de cet outil, SafeR augmente ses investissements en ressources pour maintenir la base de données, qui est composée d'entrées automatiques et manuelles qui peuvent inclure des séquences utiles provenant de vidéos de spectateurs et d'autres clips qui apparaissent dans les médias sociaux.
Depuis le début de l'année, 341 chutes – ainsi que d'autres incidents évités de peu – survenues lors d'épreuves de l'UCI WorldTour, de l'UCI Women's WorldTour et de l'UCI ProSeries ont été enregistrés dans la base de données.
L'analyse montre qu'environ 49 % des accidents se produisent dans les 40 derniers kilomètres de course, impliquent en moyenne deux à trois coureurs et se produisent fréquemment juste avant les points d'intérêt tels que les montées, les secteurs pavés et les sprints, ainsi que sur les routes glissantes, à proximité ou sur les infrastructures de circulation, ou pendant les descentes.
Les analystes de SafeR feront des recommandations éclairées pour améliorer la sécurité sur la base des tendances observées, par exemple la fréquence des accidents impliquant les jeunes coureurs, qui souligne la nécessité d'améliorer l'éducation de ces derniers ou de cadrer le nombre de néo-professionnels pouvant participer à certaines épreuves.
D'autres mesures annoncées le mois dernier seront testées lors des prochaines épreuves du Calendrier International Route UCI, notamment la restriction de l'utilisation des oreillettes lors de trois étapes du Tour de Pologne (12-18 août) et de la Vuelta a Burgos (5-9 août), une épreuve de l’UCI ProSeries.
Par ailleurs, comme annoncé précédemment, après une consultation approfondie en 2023 au sein de SafeR, le système des « cartons jaunes » fera l'objet d'une phase d'essai du 1er août au 31 décembre 2024 sur les courses de l'UCI WorldTour et de l'UCI Women's WorldTour. Pendant cette période d'essai de cinq mois, les cartons jaunes représenteront une sanction rapportée dans le communiqué de course mais n’auront pas d’existence physique et n’engendreront aucune restriction en termes de participation à des épreuves ultérieures.
À l'issue de la saison 2024, une évaluation complète du système des cartons jaunes sera réalisée par SafeR avant d'être présentée au Conseil du Cyclisme Professionnel puis au Comité Directeur de l'UCI. Ensuite, à partir du1er janvier 2025, des sanctions seront prononcées en cas d'accumulation de cartons jaunes, entraînant différentes périodes de suspension en fonction du nombre de cartons jaunes reçus par un individu au cours d'une période donnée.
Les cartons jaunes seront délivrés pour des infractions qui pourraient nuire à la sécurité de la compétition et s'appliqueront à toute personne présente à l’échelon course (coureurs, Directeurs Sportifs, autres conducteurs, motocyclistes, etc.) qui pourrait adopter un comportement susceptible de compromettre la sécurité de l'épreuve.
La période de test s’appliquera aux courses de l'UCI WorldTour et de l'UCI Women's WorldTour, et à partir du1er janvier 2025, le système sera étendu aux épreuves de l'UCI ProSeries (Hommes et Femmes Élite), aux Jeux Olympiques, aux Championnats du Monde UCI (Hommes et Femmes Élite et Moins de 23 ans) et aux Championnats Continentaux (Hommes et Femmes Élite et Moins de 23 ans).
SafeR travaille également sur la deuxième phase d'une étude sur les barrières utilisées pour protéger la zone d'arrivée des courses. Après les tests effectués en 2021, l'accent est mis sur le moyen et le long terme pour définir de nouvelles normes en termes de conception, de taille, de résistance et d'absorption d'impact des barrières séparant les coureurs du public.
Le Président de l'UCI David Lappartient a déclaré : « Le travail de SafeR pour améliorer la sécurité lors des compétitions sur route professionnelles masculines et féminines a pris beaucoup d'ampleur au cours des derniers mois. De nombreux facteurs contribuent à la sécurité des personnes présentes lors des courses, et SafeR les étudie tous, en recueillant des informations, en analysant des données, en écoutant les préoccupations des parties prenantes et en formulant des recommandations éclairées. Les mesures de sécurité qui ont été annoncées en juin et qui sont déjà testées sur le terrain sont des signes concrets que nous allons dans la bonne direction en ce qui concerne la sécurité lors des courses sur route professionnelles masculines et féminines ».