Championnats du Monde Gravel UCI : les stars de la route apprivoisent le gravel

Rois et reines de la polyvalence

Habitués des grands rendez-vous sur route, Kasia Niewiadoma et Matej Mohorič ont changé d'environnement pour devenir Champions du Monde UCI de gravel Dans les catégories Elite lors des Championnats du Monde UCI de la discipline, disputé il y a quelques jours en Vénétie (Italie). « Les coureurs qui font cela sont des coureurs très complets », explique Nathan Haas, ancien coureur sur route professionnel australien qui se consacre depuis deux ans au gravel.

« C'était ma première course de gravel », faisait remarquer Kasia Niewiadoma samedi, après que la leader polonaise de l'UCI Women’s WorldTeam Canyon//SRAM Racing a remporté le maillot arc-en-ciel dans l'épreuve des Femmes Elite. Quant au Slovène Matej Mohorič, qui a décroché l'or chez les Hommes Elite le lendemain, il déclarait avant le départ : « Je n’ai jamais fait de course de gravel, mais j’ai beaucoup roulé sur ce type de surface, alors on verra ».

Ce que nous avons vu, c’était une grande performance sur les routes piégeuses et les montées abruptes de la Vénétie, jusqu'à ce qu'il succède à un autre coureur de l'UCI WorldTour, le Belge Gianni Vermeersch, couronné en 2022.

Les passionnés de gravel ont développé une discipline et un environnement à l'identité spécifique, et pourtant ce sont les stars du peloton du cyclisme sur route qui ont dominé les deux premières éditions des Championnats du Monde Gravel UCI.

« Les coureurs qui font cela sont des coureurs très complets, explique l'Australien Nathan Haas. Vous n'avez pas juste quelqu'un qui pousse les watts par kilo. Avec quelqu’un comme Matej Mohorič, vous avez en fait l'un des coureurs les plus habiles sur son vélo », ajoute-t-il.

Rois et reines de la polyvalence

Les Champions du Monde Gravel UCI brillent tout au long de l'année dans les épreuves internationales sur route, mais un examen plus approfondi de leur parcours révèle une histoire sensiblement plus riche. Mohorič a commencé sa pratique cycliste par le mountain bike. « Je suis allé sur la route parce qu'un ami l'avait fait », se souvient-il. Son prédécesseur Gianni Vermeersch a quant à lui grandi avec le cyclo-cross, discipline dans laquelle Mathieu Van der Poel (médaillé de bronze lors des Championnats du Monde Gravel UCI 2022) et Wout van Aert (8e de l’événement en 2023) ont développé leur polyvalence.

Du côté féminin, les premiers Championnats du Monde Gravel UCI ont été remportés par la Française Pauline Ferrand-Prévot, « la princesse de la polyvalence », selon Haas, qui considère Marianne Vos comme « la reine » en la matière, mais admire néanmoins l'approche et les exploits de Ferrand-Prévot : « Elle est absolument incroyable pour ce sport. Pour moi, lorsqu'elle se présente sur une épreuve de gravel, je m'attends tout à fait à ce qu'elle gagne. C'est l'un des plus grands talents du monde, mais elle ne veut pas se cantonner à une seule discipline. Nous l'avons vu l'année dernière lorsqu'elle a remporté plusieurs titres dans différentes disciplines [gravel, mountain bike cross-country olympique, mountain bike cross-country short track et mountain bike cross-country marathon ]. »

Couronnée en 2023, Niewiadomą se concentre sur les courses sur route tout au long de l'année, mais elle a pu compenser son manque d'expérience en tout-terrain grâce à son entourage. « J'ai reçu beaucoup de soutien de Canyon et de SRAM pour me préparer à cette journée, et Tiffany [Cromwell, l’une de ses coéquipières, qui court à la fois sur route et sur gravel] a répondu à beaucoup de mes questions avant la course. Cette victoire est extraordinaire et je suis très reconnaissante envers tous ceux qui m'ont aidée », a-t-elle expliqué juste après sa victoire.

« Il y a tant à apprendre »

« J'ai demandé à Tiff de me donner des conseils et des astuces longtemps avant les Championnats du Monde UCI, développe Niewiadoma, qui confirme que participer à des courses de gravel ne s'improvise pas. Elle a partagé avec moi ses connaissances concernant l'équipement et le choix des bons braquets. Elle m'a aussi expliqué l'importance du choix des pneus et de la pression. Elle m'a expliqué la différence entre les courses sur route et les courses sur gravel en ce qui concerne l'effort que nous fournissons. »

Son talent brut et le soutien dont elle a bénéficié ont permis à Niewiadoma de remporter son premier maillot arc-en-ciel ainsi que sa première victoire depuis une étape de l’OVO Energy Women’s Tour 2019 (sur route). Sur le podium des Mondiaux UCI de gravel, elle a dominé l'Italienne Silvia Persico, habituée à briller sur la route et en cyclo-cross, et la Néerlandaise Demi Vollering, irrésistible cette année dans l'UCI Women's WorldTour. « Je pense qu'aucune course que j'ai faite sur route n'était aussi difficile qu'aujourd'hui », a assuré la star néerlandaise samedi.

« Il y a tant à apprendre, conclut Nathan Haas. Vous êtes seul, et ce n'est pas qu'une image. Vous pouvez être super super fort, si vous ne savez pas comment piloter le vélo dans les sections techniques, vous allez probablement le casser, crever ou tomber, ce qui vous met immédiatement hors course. Et si vous ne savez pas comment réparer votre vélo, vous ne rentrez même pas à la maison. C'est un sport très indépendant, c’est ce que j'adore, mais c'est le défi que doivent relever de nombreuses personnes lorsqu'elles découvrent le gravel. »